Il y a trente ans que je défends les moustiques et je me sens bien seul. Même Brigitte Bardot, que j'espérais rencontrer par ce moyen, se désintéresse de l'espèce. Elle préfère le phoque ou la tourterelle turque, plus photogéniques. A-t-elle jamais vu en gros plan la mutine physionomie d'un anophèle femelle ?

Le moustique est l'un des derniers résistants efficaces face à l'invasion touristique mondiale. Avec quelques bataillons, il met en déroute des armées d'Américains en bermuda, de Parigots en short, de Japonais en chemisette, ou d'Ecossais en kilt. A chaque fois j'applaudis (en prenant garde de ne pas écraser, par inadvertance, un de mes précieux alliés).

Le moustique est un héros. Longtemps il a préservé la Camargue, avant de succomber sous des tonnes d'insecticide. Il tient encore le delta du Guadalquivir, et dans le reste du monde se bat avec un courage admirable. Seule la mouche tsé-tsé peut lui être comparée, qui lutte de façon aussi noble pour protéger de vastes étendues vierges en Afrique.

Au fil des années, la guerre menée par le peuple des moustiques est devenue scientifique. Il a dû s'adapter à la technique avancée de ses ennemis. Sa stratégie préférée: il mute. La génétique  opposée à l'arme chimique. Contre les gaz ou les poudres mortelles, il fabrique des soldats toujours plus résistants.

Grâce lui, les hordes de touristes qui détruisent tout sur leur passage (paysages, rivages, écosystèmes...), sont contenues, découragées, repoussées. Donnez-moi un moustique sans pitié, que l'on ne saurait exterminer, et je sauverai l'Amazonie ! pourrait s'écrier n'importe quel défenseur de l'environnement.

Le moustique fait de son mieux, mais a besoin d'aide. Si vous désirez participer à son vaillant combat, adressez vos dons au PIQLT (1). Association dont je suis le président et aussi hélas ! l'unique membre...

(1) Piquez-Les Tous (Dieu reconnaîtra les siens).