PRÉFACE DE DAVID HILER
(extrait)
Historien-Économiste
Conseiller d'État de la République et Canton de Genève
Enfin,
une histoire de Genève qui sort des sentiers battus ! Ce petit
ouvrage est marqué au sceau de l’esprit de
synthèse, qualité trop rare pour ne pas être
soulignée. La plume est alerte et la rédaction
soignée. L’auteur et l’éditeur ont
privilégié la clarté, à laquelle contribue
la qualité des titres et de la mise en page. C’est
déjà beaucoup pour un seul livre, mais c’est
surtout l’originalité de la construction qui
séduit.
D’abord, ce curieux
personnage, qui vient mettre son grain de sel avec une admirable
régularité. Il sait tout sur tout et comme tous les gens
insupportables, il ne manque jamais de vous rappeler, chaque fois
qu’un événement est évoqué,
qu’il y était. Mais qu’importe,
l’insupportable professeur révèle, commente et
distille toutes sortes de petits détails qui redonnent à
l’histoire de la couleur et de l’épaisseur.
Faut-il être
choqué par l’intrusion d’un personnage de fiction
dans un ouvrage historique ? Certainement pas. La construction choisie
par l’auteur amène de la vie, en confrontant le
récit court et précis d’un épisode de
l’histoire de Genève à une approche impressionniste
(et érudite), proche du reportage sur le terrain. Elle permet
aussi à l’auteur de prendre position, en distinguant,
comme tout bon journaliste, la présentation des faits du
commentaire.
Enfin, il y a ces dessins
délicieusement impertinents, qui cassent toutes les convenances
chronologiques, pour railler les travers des Genevois
d’aujourd’hui (beaucoup) et d’autrefois (un peu).
L’humour permet aussi de mettre en évidence des
continuités et des récurrences dans l’histoire de
notre bonne ville. Ici ou là, le dessin, allié au bon
mot, permet une interprétation forte et dérangeante
d’un épisode historique. Ici, donc, le dessin
n’illustre pas, mais apporte une dose d’humour et de sens
critique bienvenus, qui j’espère attirera des lecteurs
à priori peu férus d’histoire locale.
L’accessibilité
est certainement la qualité première de ce petit livre
qui ne se prend pas au sérieux. Tant mieux, car l’histoire
locale doit regagner un public. Dans une société tout
entière tournée vers l’innovation, la globalisation
et le métissage culturel, la bonne vieille histoire locale a de
la peine à s’imposer comme un savoir de base. On ne
l’enseigne pas vraiment à l’école et la
multiplication des monographies, de qualités inégales, ne
remplace pas une vue d’ensemble.
Ce qui est vrai de
l’histoire locale l’est certainement de l’histoire en
général. Certes, les sciences historiques sont
fécondes, mais les publications ont peine à franchir un
étroit cercle académique. Certes, les lecteurs
s’arrachent heureusement biographies ou récits
historiques, mais notre société n’a pas le sens de
la chronologie : petits et grands ont de plus en plus de peine à
maîtriser la trame des dates et des événements qui
ont marqué l’histoire.
C’est là
l’un des mérites de cette petite histoire de
Genève. Elle offre, sous une forme plaisante et commode, sans
prétention ni simagrées, des points de repère. Les
petites séquences qui se succèdent remettent en
perspective les grands événements, les grandes dates et
les grands personnages de l’histoire de Genève. Pour une
fois, aurais-je envie de dire, on s’y retrouve facilement.
Fait rare dans un livre
couvrant l’histoire de Genève « de l’origine
à nos jours » - comme l’on disait autrefois - le 20e
siècle se taille la part du lion. Un tiers pratiquement de
l’ouvrage lui est dévolu.
Bref si vous avez envie de
faire connaissance avec le passé de votre canton, rapidement et
sans effort exagéré, ce livre est fait pour vous. Si avez
su, mais avez tout oublié, si vous êtes fâché
avec les dates, cette petite histoire vous ravira. (...)
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