Apartés
Les faiseurs de billets, qui
malgré eux sont parfois des faiseurs d'histoires, appartiennent
à une race rare. On n'en compte généralement qu'un
ou deux par journal, et les pages d'information pure et dure les
supportent à peine. A-t-on besoin de ces dilettantes qui
racontent n'importe quoi au gré de leurs humeurs? Pourtant, ne
vous y trompez pas. Certes, ils parlent de tout et de rien, mais ces
riens disent tout. Car si les billettistes aiment emprunter un ton
enjoué, des formes futiles, ceux qui savent lire au-delà
des mots y trouvent souvent des choses graves. Plus important: ces
croquis au jour le jour, ces témoignages sur les mœurs de
leurs contemporains, ces réflexions souvent hâtives,
aboutissent sans préméditation au portrait d'une
époque. Ces Apartés, publiés dans la Tribune de
Genève, nous rendent ainsi un certain regard sur les
années quatre-vingt, années-charnière à des
années-lumière...
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