© Photo Christian Vellas
J'ai
appris à lire à quatre ans, ce n'est pas un
exploit, sinon celui de la fierté maternelle. J'ai aussitôt beaucoup
lu: trois livres par semaine, le maximum des prêts à la bibliothèque
municipale de Nîmes, ma ville natale. Collection rose, puis verte...
Tout Jules Verne, bien sûr. J'ai commencé à "écrire" à
dix ans. Il s'agit donc d'une profonde névrose. Une maladie chronique
et incurable qui motive toute une existence. A notre époque, il est
rare que l'on puisse vivre de sa plume, tout au moins comme auteur (en
France par exemple, on ne compte qu'une dizaine d'écrivains qui ne font
que ça, survivant chichement, aidés financièrement par leur entourage.
Et dans ce nombre des auteurs de polars, de BD, de biographies pour les
autres... Les littéraires étant l'exception et l'arbre qui cache la forêt : un best-seller parfois,
puis la traversée du désert. Ainsi, la plupart des auteurs ont un
boulot et des revenus qui assurent le principal. Ce constat fait, les
accros à l'écriture se tournent souvent vers le journalisme. Ce que
j'ai fait en passant toute ma carrière à la Tribune de Genève. Avec un
grand bonheur ( journaliste et chef d'édition ). Remarque: en 1966,
date de mon engagement à la Tribune, la première demande du rédacteur
en chef , et son premier critère, était: " Savez-vous écrire? "
Aujourd'hui on s'enquiert: " Savez-vous écrire VITE ? ". Et l'on ne
parle plus de la même chose... Conséquence de cette évolution: c'est
souvent à la retraite que l'obsédé d'écriture peut enfin retomber en
enfance et se laisser aller à sa discutable passion. Histoire de signer
sa vie.